Le Souffle du désert (François Kohler, 2005)
Une marche de deux semaines est organisée à travers le Sahara tunisien ; treize hommes y participent, invités à méditer sur la question de la virilité, sur leur statut de fils, de père et de mari. Ceux qui participent à ce périple à la fois physique et intérieur se livrent avec authenticité et examinent leur existence avec une acuité qui confèrent à leur témoignage un véritable intérêt, permettant de développer, grâce à la multiplication des points de vue, une réflexion apparemment universelle sur la question de la masculinité. En effet, le film ne se réduit pas à une série de cures psychanalytiques offertes en pâture à un spectateur-voyeur féru de télé-réalité, même s’il est évident que l’« intimité surexposée » qui caractérise pour Serge Tisseron notre ère de l’audiovisuel influence le « dispositif » mis en œuvre par Kohler et le pacte qu’il a passé avec les intervenants. Parcours de vie, trajet parmi les dunes et cheminement dans la découverte de soi se superposent et donnent au film sa structure : l’organisation de l’itinéraire et des activités définissent des étapes qui sont autant de phases dans le « scénario » d’un film qui s’articule sur le dévoilement progressif des participants, ceux-ci allant même jusqu’à se « mettre à nu » dans le sens le plus littéral du terme. Bien sûr, la pertinence des confidences résulte du choix des personnes filmées qui, toutes francophones, sont habituées à la verbalisation des émotions : on ne trouvera donc nullement un panel révélateur des différentes classes sociales, ce qui réduit la portée sociologique de l’entreprise, ou du moins la limite (sans que cela ne soit thématisé) à une certaine catégorie d’individus.